Vincenzo Nibali, le requin de Messine s’est imposé au terme de la 37ème édition du Tour du Trentin teinté de suspense et ce, jusque dans les derniers kilomètres de course. Retour sur un Giro del Trentino où Maxime Bouet aura fait vibrer le cœur des français tandis que les gros bras auront pu se jauger sur un parcours très accidenté en vue du prochain Giro.
Bouet, pour une victoire prestigieuse.
Vendredi matin, Maxime Bouet portait toujours le maillot rose de leader. L’échappé du premier jour, arrivé avec un beau matelas d’avance sur le peloton était observé par tous. En disposant d’un peu plus de 3 minutes sur les principaux favoris, personne ne pouvait réellement être certain de l’issue de son Trentino. Ce que l’on savait d’ores et déjà, c’est que son enviable position au classement général était totalement imprévue il y’a de cela quelques jours. Déjà un petit exploit !
Un final explosif.
Cette dernière étape partant d’Arco amenait les coureurs jusque Sega Di Ala. Une arrivée au sommet suite à une ascension de 11,5km à 9,2% de moyenne et certains passages avoisinant les 20% : un vrai plat de resistance pour un peloton émoussé suite à un parcours compliqué sur les routes du Trentin. C’était donc le meilleur moment pour les costauds de faire la différence, de se montrer, de rassurer voir de marquer les esprits avant les prochaines échéances.
Echappe-toi si tu peux.
Malgré l’immense obstacle se dressant en fin de parcours, les baroudeurs ont une fois de plus répondu présent. Une échappée composée de Gautier (Europcar), Pantano (Colombia), Sella (Androni), Bongiorno (Bardiani), Edoardo Zardini (Bardiani), Txurruka (Caja Rural), Antunes (Ceramica Flam), Serpa (Lampre) et Taciak (CCC Polsat). Ils n’auront jamais grand espoir de rallier le pied de Sega Di Ala avec suffisament d’avance pour en terminer avant le peloton puisque ce dernier ne leur laissera pas plus de 3 minutes d’écart : non, non personne ne répètera l’exploit de Maxime Bouet.
C’est dans l’avant dernière difficulté du jour que de premiers éléments lâcheront prise dont le français Cyril Gautier que l’on avait vu en grande forme sur le Tour du Finistère. L’échappée marque le pas et finalement se fait reprendre par le peloton juste avant l’ascension ultime.
Et soudain, l’explication.
C’est un train bleu turquoise qui entraîne le peloton sur les premiers pourcentages de l’ascension, un train bleu pour un requin bleu : Vincenzo Nibali. Emmené de la sorte, il ne faisait nul doute que l’italien devait avoir les jambes pour tenter quelque chose. L’écrémage se poursuit et bientôt on ne trouve plus Maxime Bouet dans le groupe de tête, le français va devoir monter à son rythme afin de limiter la casse mais l’arrivée est encore très loin, trop loin.
Ça s’étire, ça se morcelle, ça s’éclate, ça grimace et finalement les favoris sont bien au rendez-vous. Bien évidemment Nibali est là, Santambroggio est lui aussi bien placé, Evans s’accroche tandis que la colonie britannique est représentée par l’impassible Bradley Wiggins. Pas si impassible que ça lorsqu’un pépin mécanique le pousse à mettre pied à terre : furieux, le vainqueur du Tour de France lance sa monture sur le bord de la route. Finalement dépanné, Wiggins remonte en selle et nous offre un véritable petit numéro : vous doutiez de son état de forme, vous pensiez Froome leader naturel de la Sky ? Vous vous êtes peut être trompés …
C’est presque avec classe que l’originaire de Gand ( oui oui, en Belgique) dépasse un par un les éléments en perdition jusqu’à revoir le groupe Nibali. Une fois rentré dans le groupe maintenant très restreint, Wiggins pense certainement pouvoir souffler un peu mais ce n’est pas l’avis partagé par Vincenzo Nibali qui s’élance, et ça fait mal : seul Santambroggio parvient à s’accrocher à la roue du prodige italien mais pas longtemps. Nibali, seul au monde décroche une superbe victoire à Sega Di Ala.
Sega c’est plus fort que toi.
Un slogan qui collerait parfaitement à Wiggo finalement vaincu par le panache à l’italienne mais aussi et surtout à notre pauvre Maxime Bouet qui, à la manière d’un Voeckler lors du Tour de France 2004 dans les Pyrénées se sera battu jusqu’au bout, au bout de la pression des favoris depuis qu’il avait endossé le maillot rose, au bout de la douleur. Arrivé à 4’42’’ du requin de Messine, le coureur de la formation AG2R perd définitivement la première place mais bonne nouvelle, il s’assure la troisième marche du podium.
Rendez-vous le 4 mai
Le tour d’Italie devrait s’avérer palpitant, Bradley Wiggins viendra avec de grosses ambitions et tentera de semer le trouble dans l’armada de favoris transalpins. Il sera très difficile de mettre en défaut un Vincenzo Nibali qui ne cesse de prouver sa bonne condition suite à ses victoires dans le Tirreno puis sur les routes du Trentin. En battant Wiggo, le requin de Messine a aussi prit un avantage psychologique sur un coureur souvent remis en question ce début de saison. Pourtant, le dernier vainqueur du Tour de France est bien présent : nul doute qu’il fera figure d’épouvantail sur le Giro.
Côté français et au delà du petit exploit de Maxime Bouet, on note un bon comportement de Pierre Rolland. Le grimpeur de la formation Europcar a semblé assez tranquille et même s’il n’avait aucune ambition pour le général signe une intéressante dixième place pas très loin d’un certain … Cadel Evans.
Le classement de l’étape 4 :
1 V.NIBALI (AST – ITA) 4h21’48 »
2 M.SANTAMBROGIO (VIN – ITA) à 8″
3 P.NIEMIEC (LAM – POL) à 44″
4 F.ARU (AST – ITA) m.t.
5 C.EVANS (BMC – AUS) à 1’02 »
6 S.LOCATELLI (BAR – ITA) à 1’10 »
7 S.PIRAZZI (BAR – ITA) à 1’35 »
8 M.GARCIA FERNANDEZ (CJR – ESP) à 1’37 »
9 B.WIGGINS (SKY – GBR) à 1’39 »
10 P.ROLLAND (EUC – FRA) à 2’20 »
…
22 M.BOUET (ALM – FRA) à 4’42
Le classement général :
1 Vincenzo Nibali (AST) 17h49min11s
2 Mauro Santambrogio (Vini Fantini-Selle Italia) +21’’
3 Maxime Bouet (AG2R) +55 s
4 Fabio Aru (AST) +1’16 s
5 Bradley Wiggins (Sky) +1’40’’
6 Przemysław Niemiec (Lampre-Merida) +1’45’’
7 Stefano Pirazzi (Bardiani Valvole-CSF Inox ) +2’15’’
8 Cadel Evans (BMC) +2’18’’
9 Paolo Locatelli (Bardiani Valvole-CSF Inox) +3’’05’
10 Pierre Rolland (EUR) +3’22’’