Dans l’ensemble, cette déclaration résume le tournant pris par le cyclisme sur piste ces dernières années. Bien que la puissance en watts d’un coureur ait toujours été prise en considération, elle est devenue un facteur majeur dans la discipline depuis que la technologie a rendu possible un calcul plus précis. Mais si cela revient souvent chez les cyclistes et leurs entraîneurs, il est important que cela soit correctement défini.
Les watts sont une mesure de la puissance générée par un athlète. Sur la piste, cela se traduit par une équation calculée en multipliant la force par la vitesse à laquelle un coureur applique sur les pédales. Mais bien sûr, ce n’est pas seulement les vélodromes qui sont affectés par cette mesure : le cyclisme sur route prend également en compte ces données cruciales et possède ses propres valeurs standard.
L’une des plus connues est celle du sprinter allemand André Greipel, qui a développé 1903 watts lors de l’arrivée de l’étape 6 du Tour Down Under (Australie) en 2018. Cette fois-là, Greipel a atteint la vitesse vertigineuse de 76,8 km/h ! Ces watts sont impressionnants, mais ils sont loin des performances réalisées par les Seigneurs des Anneaux…
Le Néerlandais Jeffrey Hoogland, champion olympique de sprint par équipe aux Jeux olympiques de 2020 et champion du kilomètre mondial à quatre reprises, a poussé les limites à 2271 watts lors de la manche de Londres de la Ligue des Champions de l’UCI en 2022. Cette marque, aussi incroyable soit-elle, est certainement destinée à être battue un jour, étant donné dans quelle mesure les techniques d’entraînement sont perfectionnées année après année. Il en va de même pour les femmes : la Canadienne Kelsey Mitchell a amélioré son propre record en développant 1525 watts l’année dernière à Berlin.
Il n’y a pas de secret pour atteindre de telles hauteurs. L’entraînement, toujours l’entraînement. Les champions luttent sans relâche contre l’acide lactique, qui paralyse les fibres, avec sprint après sprint et séance de musculation après séance de musculation. La course aux watts a engendré des athlètes aux mesures herculéennes, comme celles de la légende britannique Chris Hoy : 1,85 m, 92 kg et des cuisses larges de 68,5 cm !
Cependant, la puissance pure à elle seule ne suffit pas, et, pour donner le meilleur d’eux-mêmes, les cyclistes devront toujours faire le choix entre une force maximale à une moindre vitesse, ou vice versa. Ce choix appartient à chaque champion, en fonction de ses propres caractéristiques physiques. Ce qui est certain, c’est que ces dernières années, les meilleurs cyclistes se sont orientés vers des rapports de transmission plus élevés.
Le développement de la manière dont les coureurs s’entraînent et renforcent leur musculature a rendu cette évolution possible. Les pistards pédalent désormais plus lentement, à environ 130 rpm (tours de pédale par minute) qu’auparavant (160 rpm), mais le font avec des rapports de transmission beaucoup plus élevés : 60×12 (ou 10,5 m par tour de pédale) par rapport aux 48×14 plus traditionnels d’il y a quelques années (7,2 m par tour).
Cela dit, cette puissance accrue n’est pas une garantie de victoire. Les watts ne sont pas l’alpha et l’oméga du cyclisme sur piste, et c’est tant mieux. Craig McLean, plusieurs fois médaillé aux championnats du monde de sprint et désormais entraîneur au Centre mondial du cyclisme en Suisse, affirme qu’actuellement, les coureurs les plus rapides dans son groupe d’entraînement sont ceux qui développent le moins de watts.
« L’aptitude à être compact et efficace sur un vélo, l’équilibre et les tactiques sont également des éléments majeurs du succès sur la piste », déclare McLean. « Les watts sont une unité de mesure utile qui nous permet d’aider les athlètes à tirer le meilleur parti de leur puissance. Mais développer autant de watts que possible ne signifie pas nécessairement que vous serez rapide. »