Gert Vervoort, DS de Proximus-Cyclis, également suspendu provisoirement pour « comportement inapproprié de nature psychologique et sexuelle »
Après une enquête de près de trois ans, l'UCI a annoncé mardi qu'elle suspendait le président de la Fédération afghane de cyclisme, Fazli Ahmad Fazli, pour 15 mois pour violation du Code d'éthique de l'UCI.
Fazli a été accusé d'avoir envoyé des messages abusifs et menaçants aux athlètes pendant et après l'évacuation massive du pays suite à la prise de contrôle du gouvernement par les talibans.
La Commission d'éthique de l'UCI a interdit à Fazli toute activité liée au cyclisme en vertu de trois sections du Code d'éthique de l'UCI : l'article 5, qui stipule que « les personnes liées par le Code ne peuvent abuser de leur position de quelque manière que ce soit, notamment pour tirer profit de leur position à des fins ou gains privés », l'article 6.4, qui couvre les abus et l'intimidation, et l'article 2.1 de l'annexe 1 qui interdit les abus psychologiques.
Fazli a consulté l'UCI lors de son opération d'évacuation des cyclistes du pays après la prise de contrôle du gouvernement par les talibans en 2021 et a aidé à prioriser la liste des athlètes vulnérables aux représailles des talibans pour occuper un nombre très limité de sièges dans un avion sortant.
Le président de l'UCI, David Lappartient, a contribué à obtenir le statut officiel de réfugié en Suisse pour 38 personnes évacuées, dont Fazli et sa famille, et l'UCI a décerné à Fazli le Mérite UCI lors des Championnats du monde en Belgique en 2021 « pour son engagement courageux en faveur du développement du cyclisme, notamment du cyclisme féminin, dans un pays où se battre pour cette cause est un risque. »
Au même moment, la militante des droits de l'homme Shannon Galpin, qui avait contribué à fonder la première équipe cycliste féminine en Afghanistan et qui facilitait également les évacuations, apprenait que Fazli menaçait de suspendre les licences des coureurs qui remettaient en question sa sélection des athlètes à évacuer.
Galpin a envoyé des lettres à l'UCI les avertissant du comportement de Fazli 11 jours avant que l'UCI ne décerne à Fazli le Prix du Mérite UCI.
Après avoir entendu parler de la suspension, Galpin a déclaré Actualités cyclistes Mardi, « je suis heureux que la Commission ait jugé que notre plainte contre M. Fazli était fondée et qu'il était en fait coupable d'avoir harcelé, menacé et agressé verbalement des cyclistes afghans. Une suspension de 15 mois est un début, mais ce n'est pas une punition suffisante pour les vies qu'il a ruinées ».
« À un moment où les cyclistes fuyaient pour sauver leur vie, leur propre entraîneur et président de la fédération les a empêchés de fuir, les a harcelés et menacés, tout en étant protégés par l'UCI.
« Quelles sont les réparations pour ceux qu'il a blessés ? Qu'en est-il de ceux qui, à l'UCI, ont choisi d'ignorer ceux d'entre nous qui s'exprimaient ? Ils ont ignoré les cyclistes et les lanceurs d'alerte et ont protégé un agresseur connu », a-t-elle ajouté.
« Ce n’est pas rien, mais il est trop tard pour aider ceux qui ont pris tant de risques pour parler. À tous ceux qui ont témoigné et apporté des preuves, merci pour votre courage. J’espère que cela aidera un peu. »
Dans le même communiqué, l'UCI annonce la suspension provisoire de Gert Vervoort, directeur sportif de l'équipe féminine Proximus-Cyclis UCI pour « comportement inapproprié de nature psychologique et sexuelle ».
« Sur la base des informations fournies par plusieurs coureurs, la Commission d'éthique a décidé de suspendre provisoirement le directeur sportif conformément à l'article 34.2.2 du Code d'éthique de l'UCI. Cette suspension provisoire s'applique pour une période de trois mois à compter d'aujourd'hui, le temps que l'enquête se poursuive. »