Aujourd’hui, la deuxième étape du Tour de France 2014 s’élançait de York pour rejoindre, un peu plus au sud, la ville de Sheffield. Une étape longue de 201 bornes pour continuer le triptyque so British de cette Grande Boucle.

La polémique de la veille suite à la chute de Mark Cavendish a laissé place à de nombreux sentiments contradictoires lorsque son départ des routes du Tour a été officialisé dans la matinée. Les Britanniques, orphelins de leur bad boy, un bad boy totalement « dévasté » suite à sa bêtise de la veille… Un renoncement qui relève certainement tout autant de la sphère psychologique que physique. Bon vent à Mark donc, cela laissera de la place à nos français pour un éventuel maillot vert ? La question se posera en toute fin d’article, sous la plume de Tibaldi, tout du moins au sujet du rusé Bryan Coquard.

ALORS-CETTE-ETAPEPar Alex

Autant dire que le parcours du jour, annoncé comme un mini Liège-Bastogne-Liège aura tenu toutes ses promesses. En effet, nous retrouvons une belle échappée, un français qui cravache seul en tête pendant plusieurs bornes, Europcar qui lance déjà ses leaders à l’assaut : Thomas Voeckler puis Pierre Rolland. Ce dernier a été rattrapé par le pack dans les dix dernières bornes. Les cassures sont violentes et les sprinteurs forment très vite le premier grupetto de ce Tour de France 2014. Un grupetto aux allures de groupe maillot jaune puisque nous retrouvons Marcel Kittel, en totale perdition, traînant sa précieuse tunique acquise la veille aux côtés de nombreuses grosses cuisses comme son compatriote André Greipel, Adrien Petit ou Arnaud Démare, le champion de France victime des trop nombreuses bosses.

Il ne reste plus que 5km et ça s’emballe en tête d’un peloton usé ! Nibali, Froome, Sagan, Valverde répondent à l’unisson face à la tentative d’Alberto Contador. El Pistolera relance une nouvelle fois mais les costauds prennent sa roue. Sagan se décale à droite mais c’est finalement Christopher Froome qui en met une couche ! Son attaque était cinglante mais ne suffit pas à décrocher ses concurrents. Astana lance Fuglsang mais Sagan recolle, bien décidé à en claquer une aujourd’hui ! Le groupe est explosé, ça relance de partout et le tenant du titre ne se laisse pas démonter, ce maillot : il le veut, et dès maintenant !

Et les français ? Les voilà ! Romain Bardet et Tony Gallopin tentent le coup mais cela ne passe pas et c’est… Vincenzo Nibali qui contre et s’envole seul ! Le champion italien ne faiblit pas, il ne se retourne pas alors que derrière, Rui Costa et Froome tentent de revenir. Vincenzo Nibali s’empare du maillot jaune ! C’est amplement mérité pour le Requin de Messine qui ne s’est pas laissé malmener par la volonté d’en découdre de ses gros concurrents du jour !

COURSE_FAVORISPar Tibaldi

Le scénario de cette belle étape britannique était loin d’être écrit d’avance ; certains imaginaient la victoire tomber dans l’escarcelle d’un sprinteur-puncheur du type Sagan, Gerrans voire Degenkolb, d’autres voyaient bien s’imposer un baroudeur comme Riblon ou Voeckler.

Mais les Contador, Froome et autres Talansky avaient visiblement eux aussi coché cette étape, et les soixante derniers kilomètres ont été gérés de main de maître par leurs équipes. On a vu les Sky, les Tinkoff-Saxo, les Astana ou encore les Garmin à l’avant du peloton dès que les choses sérieuses ont commencé. Et les costauds se sont déjà livrés une grosse bagarre dans la dernière côte de Jenkin Road, à cinq bornes de l’arrivée. C’est l’inévitable Contador qui a déclenché les hostilités, sur la lancée de son excellent Dauphiné durant lequel il semble avoir pris un véritable ascendant psychologique sur Froome. Ce dernier s’est également montré solide, n’hésitant pas à contrer son rival espagnol sur le haut de la bosse.

Personne n’a craqué, et il était clairement impossible que de gros écarts soient creusés sur une étape de ce type si tôt dans l’épreuve. Mais la course est bel et bien lancée entre les costauds de la Grande Boucle ! Nibali a su en tirer un grand profit dans le final, évidemment, mais a-t-il fait réellement une belle affaire en s’emparant déjà du Maillot Jaune, qui obligera son équipe (très bien outillée, certes) à le défendre vaillamment durant les prochains jours ? Nous verrons bien !

top5Par Olivier

1. Vincenzo Nibali

Le requin de Messine a placé sa 1ère attaque sur ce Tour. Et il a fait mouche ! Lui, qui est si souvent décrié pour ses attaques à contre temps et pour son début de saison des plus discrets, vient là de frapper un grand coup et de marquer les esprits. Evidemment, il ne défendra à tout prix son maillot jaune les jours qui viennent. Mais Froome et Contador savent désormais qu’il faudra compter avec le champion d’Italie sur ce Tour de France.

2. Le scénario de l’étape

Présentée comme un mini Liège-Bastogne-Liège, l’étape York-Sheffield a tenu ses promesses. Final haletant, Contador qui attaque dans la côte de Jenkin Road, Christopher Froome qui lui répond et Nibali qui met tout le monde d’accord. Elle nous annonce un Tour de France échevelé. Vivement les Vosges et leurs pentes pour voir si la bagarre reprend. Mais avant cela, mercredi il faudra avaler les 15 km de pavés sur la route d’Arenberg. De quoi enflammer le Tour à nouveau.

3. Pierre Rolland

Le Giro l’a-t-il fait basculer dans une autre dimension ? Toute la journée, Pierre Rolland est resté aux avants postes du peloton et s’est ensuite offert une petite partie de manivelles, avec Péraud notamment, dans le final de l’étape. Un bémol toutefois, il faut espérer qu’il ne retombe pas dans les travers du Tour 2013 en roulant à contre-courant. Il fini à 16 secondes de Nibali aujourd’hui et perd des secondes qui peuvent s’avérer précieuses dans un Tour où les places d’honneur pourront être serrées.

4. Blel Kadri

Le toulousain méritait bel et bien le prix de la combativité. Présent dans la principale échappée de la journée (dont Cyril Lemoine à tiré profit pour se parer du maillot à pois), Blel Kadri a ensuite tenu tête, en solitaire, à un groupe de contre attaque formé par Tony Martin, Thomas Voeckler, Cyril Gautier, Nicolas Edet, Marcus Burghardt et Tony Martin. Repris avant la côte de Midhopestones, il est à parier que nous reverrons le baroudeur d’Ag2r à l’avant sur ce Tour.

5. Le succès populaire

Comment ne pas évoquer le nombre de spectateurs présents aujourd’hui sur le bord de la route ? Les tribunes de l’hippodrome de York prises d’assaut ce matin sur la ligne de départ. La côte de Holme Moss ressemblait, avec sa foule immense, à l’ascension du Plateau de Beille envahie par les supporters basques ! Quoi qu’il advienne, le Yorkshire a fait honneur au 101ème Tour de France.

FLOP5Par Olivier

1. Cavendish

Ce devait être sa fête aujourd’hui. Dans ses plus beaux rêves, il se voyait faire les 201 km pour relier York à Sheffield paré du maillot jaune. Finalement, il aura regardé ce maillot sur les épaules de Kittel depuis son canapé. Non-partant ce matin, il aura tout son temps pour rédiger un mot d’excuse à Simon Gerrans.

2. Navardauskas

A son tableau de chasse, le lituanien peut ajouter 2 smartphones détruits à la clavicule cassée de Maxime Bouet sur Paris-Nice. Brillant 3ème hier, Navardauskas s’est montré très nerveux en tête de peloton dans la côte de Ripponden en se saisissant et en jetant à terre 2 smartphones de spectateurs au bord de la route. Ce geste a partagé la toile entre ceux qui estiment que Navardauskas n’a qu’à courir le Tour du Qatar s’il ne veut pas être gêné par le public et ceux qui voient-là une belle punition face à tous ces gens prenant de gros risques pour prendre des photos. Le positif, c’est que cela peut faire espérer que les gens seront plus prudents les jours prochains sur le Tour.

3. Sagan

L’étape d’aujourd’hui était un boulevard pour le slovaque en vue d’une victoire et d’un maillot jaune. Mais après la passe d’arme entre Froome et Contador dans Jenkin Road, il dû s’employer lui même pour contenir les différentes attaques dans le final. Résultat : quand Nibali est parti, il ne pouvait plus espérer revenir pour gagner. Avec 2 secondes de retard au général et sans bonification, Peter Sagan devra peut-être attendre Arenberg pour ajouter à ses maillots vert et blanc, un maillot jaune.

4. Sylvain Chavanel

Quelqu’un a vu le poitevin aujourd’hui ? Parce que nous, au Dérailleur, on le cherche encore… Le sextuple champion de France du chrono avait un terrain pour s’amuser aujourd’hui. Résultat ? Il a fini à plus de 8 minutes et ne sera jamais montré aujourd’hui. Il faudra s’attendre à le voir réagir, entre Ypres et Arenberg. En plus, on annonce de la pluie sur les pavés. Des conditions de guerriers en somme, de quoi plaire au coureur de l’IAM Cycling.

5. Le maillot de champion d’Italie de Nibali

Vincenzo, c’est le panache, le cyclisme romantique, celui que j’aime. En le voyant devenir champion d’Italie dimanche dernier, on pouvait espérer le voir porter un superbe maillot tricolore vert-blanc-rouge à l’assaut de la descente de l’Izoard. Le voir traverser la Casse Déserte, devant la stèle Coppi-Bobet avec ce beau maillot, un rêve. Hélas, l’équipe Astana l’a fait plier à la tendance des maillots de champions nationaux hideux de ces dernières années. 2 solutions : soit on lance une pétition pour que Vinokourov lui tricote un nouveau maillot, soit on se cotise et on envoie Nibali à la FDJ.fr, où là au moins, on respecte les maillots.

VAINQUEUR-DU-JOURPar Clément

Cette victoire de Vincenzo Nibali, elle a de la gueule, moi je vous le dis. Sur cet air de Liège-Bastogne-Liège, l’italien très à l’aise, a attaqué là où personne ne l’attendait ! Et oui, il claque un véritable pétard dans le dernier kilomètre, là où Sagan a normalement victoire acquise ! Mais non, le sicilien y va, seul et l’emporte devant des gars beaucoup plus rapides, mais beaucoup moins… malins.

C’est bien d’avoir du talent, d’en avoir dans les jambes mais il en faut dans la tête, et Nibali ce soir, avait tout, ou presque. Le transalpin accroche au passage le maillot jaune, qui n’était pas venu sur les épaules d’un italien depuis.. 2009 et Rinaldo Nocentini qui lui, l’avait porté 8 jours. Nibali fera t-il mieux ? Difficile à dire, le chemin est encore long. Les difficultés en perspective, encore plus grandes. Mais l’italien montre qu’il faudra compter sur lui. Par ailleurs, interviewé il y a peu de temps par un journal italien, le journaliste lui demandait  » Quand vas tu attaquer ?  » et il répondait  » Je ne vous dis pas, je vous fais la surprise !  » Tiens donc, nous avons déjà un élément de réponse !

Après le fiasco du football italien lors de ce Mondial 2014, les italiens cherchent quelqu’un qui pourrait redorer le blason du sport italien en général, et ils l’ont peut être trouvé, en la personne du Requin de Messine ! En tout cas, une chose est sûre, il va tout faire pour réaliser son rêve : gagner le tour et être le 6ème coureur a remporter les trois Grands Tours. Quelque chose de grandiose, pour faire simple.

QUESTION_DU_JOURPar Tibaldi

Comme lors de la première étape, on a vu aujourd’hui l’ancien pistard Bryan Coquard régler le peloton lors du sprint intermédiaire, quelques minutes après le passage des échappés. Même si le coureur d’Europcar s’était justifié hier en expliquant qu’il voulait, avant tout, se « débloquer » et se mettre en confiance pour son premier Tour de France, on peut quand même se poser la question suivante : Bryan Coquard peut-il faire du Maillot Vert son principal objectif ? Il le portait aujourd’hui, et cela lui a peut-être donné des idées pour la suite !

Soyons clairs, ce sera très, très, très dur face au teigneux Peter Sagan, à l’aise sur tous les terrains (on l’a encore constaté aujourd’hui dans la dernière bosse) et tenant du titre. Cependant, l’abandon ce matin de Mark Cavendish devrait faire un peu plus de place lors des sprints massifs à des sprinteurs comme Coquard, malins, toujours bien placés mais sans véritable train pour les téléguider dans le final. Difficile de dire comment il passera la haute montagne, mais Coquard peut faire parler sa régularité lors des arrivées groupées. Et pourquoi pas tenter des coups à l’avant dans les Vosges ou les Alpes pour aller chercher des points là où aucun autre sprinteur n’osera s’aventurer… Bref, ma réponse est OUI, le médaillé des Jeux Olympiques de Londres en 2012 PEUT viser le Maillot Vert. On en saura plus sur ses capacités à tenir cet objectif dès demain lors de l’arrivée à… Londres !