[dropcap style= »5″ text= »C »]e dimanche 6 octobre sera marqué par une course mythique dont le nom ne peut vous être inconnu : le Tour de Lombardie. Chaque année, la fin de saison est marquée par la course italienne (anciennement Milan-Milan) qui attire de nombreux coureurs étrangers. Il faut insister là-dessus car le plateau proposé est toujours conséquent et les podiums ne font qu’attester qu’il s’agit là d’un véritable rendez-vous pour les plus grands. Zoom sur la fameuse Classique des feuilles mortes.
Une course pour italiens ? Oui mais ça, c’était avant !
En 1905 est lancée l’épreuve sous le nom de Milan-Milan. Inutile de vous présenter le parcours, c’est forcément un italien qui s’impose pour la première, en la personne de Giovanni Gerbi, que tout amateur de cyclisme se doit de connaître. Un podium exclusivement italien pour les deux premières éditions (Brambilla s’impose en 1906). 1907 marque un premier tournant avec deux faits : la course prend le nom de Tour de Lombardie et c’est la première victoire d’un coureur étranger sur les terres italiennes avec Gustave Garrigou (vainqueur du Tour de France 1911). Un autre français marquera l’épreuve, Henri Pélissier qui signera un hat-trick au nez et à la barbe des transalpins. Cependant, et ce jusque dans les années 1950, l’épreuve reste essentiellement menée par les nationaux.
La seconde partie du XXème siècle offre un nouveau visage à la course avec une plus grande ouverture aux équipes étrangères. Cela se marquera par des victoires de champions venus de divers horizons : Eddy Merckx, Louison Bobet, Charly Mottet, Sean Kelly ou encore Bernard Hinault, qui ne forment qu’une petite illustration des champions étrangers vainqueurs sur les terres transalpines. Bien évidemment, les italiens ne se sont pas laissés démonter et leurs champions n’ont jamais cessé de briller sur leur épreuve fétiche (Gimondi ou Moser pour ne citer qu’eux). Depuis les années 2000, ce sont ces mêmes italiens qui semblent avoir repris la main en Lombardie. En effet, de 2001 à 2008, ce sont Di Luca (très mauvais exemple), Bartoli, Cunego et Bettini qui privent le gratin étranger de la première marche du podium. Les quatre dernières éditions ont marqué un déclin du rital surpuissant à la maison avec un doublé de Philippe Gilbert (2009 et 2010), la victoire suisse d’Oliver Zaugg et en 2012 celle du nouveau Poulidor alias Joaquim Rodriguez.
En 2013, qui pour jouer la gagne ?
Vous vous souvenez des rattrapages ? Hé bien, c’est exactement la même situation pour bon nombre de coureurs qui sont passés au travers des championnats du Monde : revanchards, rancuniers et voulant rétablir les choses… Voilà l’état d’esprit dans lequel vont s’aligner plusieurs champions sur le départ à Bergame. C’est un parcours de 242 kilomètres qui attend le peloton jusque Lecco, le tracé comprend plusieurs difficultés qui éliminent à coup sûr les moins costauds : le Muro di Sormano, Madonna del Ghisallo et la Villa Vergano. Pour une fois, le circuit des Mondiaux le week-end dernier se rapproche assez bien de celui proposé en Lombardie, un circuit pour puncheurs essentiellement : les mêmes candidats que pour le mondial seront donc à l’honneur.
D’ailleurs, nous allons commencer par Rui Costa. Le portugais arborera fièrement son maillot arc-en-ciel pour sa première sortie en qualité de champion du Monde. Il aura à coeur de briller afin de répondre aux tristes critiques suite à sa victoire. Une pensée pour Paolo Bettini qui avait marqué les esprits en doublant Mondiaux et Lombardie en 2006. Il faudra compter sur le dauphin de Rui Costa sur les Mondiaux : Joaquim Rodriguez. Le tenant du titre (oui, il était bien premier sur l’édition 2012) aura à coeur de tout donner pour conserver son bien et se redonner un peu d’air après son étouffante déconvenue à Florence. Qui plus est, en s’imposant en Lombardie aujourd’hui, l’espagnol s’assurerait un troisième titre au classement World Tour. Tiens donc, mais oui, nous devons le citer : Alejandro Valverde. Celui qui a complété le podium des Mondiaux et à qui l’on reproche en partie la défaite de son compatriote sera bel et bien à surveiller. Lui qui n’avait plus les jambes pour marquer à la culotte, Rui Costa pourrait miraculeusement les avoir retrouvé pour griller tout le monde ce week-end. Un italien à la maison ? Oui, il faudra s’attendre à ce que le vaillant Vincenzo Nibali tente une fois de plus de bousculer la course pour être cette fois récompensé.
Ensuite, il y a toujours les énigmatiques colombiens qui sont quelque peu passés au travers de la Vuelta puis des Mondiaux. Difficile de savoir exactement ce qu’ils peuvent tenter, même si Uran semblait capable de briller à Florence avant de nous faire un beau soleil et de se retrouver hors-jeu. Sans oublier Betancur et Quintana qui devraient apprécier le parcours lombard, mais les jambes seront-elles au rendez-vous ? Beaucoup d’autres prétendants auront envie d’en découdre ce jour : Ulissi qui vient de l’emporter sur Milan-Turin, Gilbert qui pourrait miraculeusement retrouver son niveau, maintenant débarrassé du poids du maillot arc-en-ciel. Comptez aussi sur Mollema, Contador, Majka, Evans, Scarponi ou Pellizotti pour tenter le coup. Pourquoi pas un français en la personne de Thibaut Pinot pour succéder à Laurent Jalabert qui avait enlevé l’épreuve en 1997 ?
À SUIVRE !