[dropcap style= »5″ text= »S »]uite à sa victoire sans partage sur la Vuelta, Christopher Horner devient à 41 ans le vainqueur de Grand Tour le plus âgé. Polémique ou pas ? Voilà ce qu’on en pense du côté du Dérailleur…
Il n’était pas le meilleur – par Arthur
Personnellement, j’ai du mal à me faire un avis précis. Horner a été vraiment bon et régulier tout au long de cette Vuelta, mais des fois, ses performances étaient étonnantes. Faire un effort de 4km en danceuse sans se rasseoir une seule fois, ça semble un peu gros. En plus, il y a quelque chose dont je ne suis pas fan : les bonifications. Je trouve que cela fausse la course. Sur le Tour de France, il n’y en a pas, et c’est bien, mais sur le Giro et même sur la Vuelta… En résumé, un gars qui fait la course en 90h, il le fera en 89h59’35 ». Alors oui, Horner, 41 ans est le plus vieux vainqueur d’un grand tour, mais cela ne signifie pas, pour moi, qu’il était le meilleur.
Un avis partagé – par Sergeï
Pour sa défense : il était frais, il n’a couru aucun grand Tour avant cette Vuelta, il semblait avoir tout planifié et être en plein pic de forme. Kiserlovski était à un incroyable niveau. Enfin, il avait face à lui 3 coureurs (Purito, Valverde, Nibali) qui avaient un grand Tour dans les jambes, et une saison déjà très longue qui est passée par le Tirreno, les ardennaises, etc.
Les arguments contre : il a 41 ans, il a un passé obscure, il n’avait jamais démontré un tel niveau sur 3 semaines, il n’avait par le passé fait qu’un top 10 en GT, enfin il est américain et cela nous rappel Landis, Leipheimer, Hamilton et surtout LA…
Quelle signification ? – par Tibaldi
Je dois avouer que je suis moi aussi partagé sur le cas Horner. Je me demande ce que cela signifie à l’heure du vrai changement de génération que l’on est en train de vivre actuellement. Pour quelles raisons Horner se révèle-t-il à un si haut niveau à un âge auquel la majorité des sportifs sont « cramés » ? Il ne sort pas de nulle part, c’est vrai, mais quand même… Cette victoire me gêne, en quelque sorte, d’autant plus qu’il a souvent frayé avec des équipes « discutables » depuis 2008, comme Astana ou RadioShack… Mais ceci dit, il a su profiter au mieux du manque de détermination de coureurs comme Valverde ou Nibali, plutôt tournés vers les Mondiaux visiblement ; cela pose donc surtout la question de ce qu’est en train de devenir la Vuelta pour une bonne partie des grands leaders, à savoir au mieux une rampe de lancement vers les Mondiaux, au pire un passage obligé dicté par les sponsors… Horner s’est montré opportuniste, il a saisi la chance de sa vie, que peut-on finalement lui reprocher ?
Une démonstration – par Alex
Christopher Horner a démontré beaucoup de choses lors de cette Vuelta. Oui, il est possible de remporter un grand Tour en ayant physiquement rien à envier à ses concurrents du haut de ses 41 ans. Oui, tout le monde le criait, le décriait, se marrait au début puis au plus la course avançait, au plus Horner allait être pris au sérieux. Les sourires amusés voire moqueurs laissant place à la grimace chez la plupart des observateurs. Je n’adopterai pas le rejet systématique, cette notion qui prend place semble t’il désormais à chaque grande épreuve cycliste. Regardez cet été, ponctué par les dominations des deux Chris. Froome sur la Grande Boucle a été bousculé de toute part et ce, durant trois semaines. Un mois plus tard, c’est Horner qui reprenait la lourde charge qu’est celle d’être un vainqueur de Grand Tour qui ne semblait pas forcément lui être destiné.
Mais pourquoi pas ? L’âge ? L’américain a fait une bonne entame de saison avant d’être à l’arrêt pendant plusieurs mois, adaptant un programme d’entrainement axé sur un pic de forme lors de cette Vuelta. Et que l’on arrête de nous dire qu’au delà de quarante piges, un sportif est fatalement cuit au haut niveau. Dans certaines disciplines, oui. Dans les sports d’endurance, ce n’est pas forcément le cas. Beaucoup de cas dans l’histoire du sport peuvent illustrer cela, vous pouvez aussi regarder du côté de l’Ironman (non pas le film !) où des quarantenaires, voire plus, font régulièrement de très bonnes performances sur une épreuve très difficile. La récupération me direz-vous ? Oui, à quarante ans, on récupère certainement moins rapidement qu’à 20, mais Chris Horner a l’avantage de se connaître à la perfection et c’est cela qui a fait toute la différence : jamais inquiet car confiant sur sa forme, de ses qualités et de ses défauts notamment sur le contre-la-montre. C’est avec sérénité que l’américain a repoussé toutes les velléités de ses adversaires, des minots qui osaient l’attaquer… à commencer par le Requin de Messine qui n’a jamais pu le décramponner malgré de multiples tentatives.
Chris Horner est américain, il a passé quarante ans et remporte la Vuelta : sur le papier, ça rend sceptique. Quand on y pense, on ne peut dire qu’Horner n’a jamais été un bon coureur. Seul le dopage peut contrer le vieillissement ? Hum, demandez alors à Lance Armstrong pourquoi son retour fracassant n’a pas donné lieu à deux nouveaux titres sur la Grande Boucle… On ne peut dire non plus que ses principaux adversaires venaient forcément pour le maillot rouge et c’est vraiment dommage… La main sur le frein à main pour certains à l’approche des Mondiaux qui semblent une fois de plus cette année cristalliser l’objectif d’une saison. Cela fait aussi partie de la magie des Mondiaux : faire d’une course mythique, comme le Tour d’Espagne, une simple rampe de lancement.