[dropcap size=small]A[/dropcap]ujourd’hui, nous avons le plaisir de retrouver Damien Monier. Après presque dix années chez Cofidis, le natif de Clermont-Ferrand s’est envolé vers de nouveaux horizons en rejoignant la formation Bridgestone Anchor du côté du Japon. Une belle histoire pour le vainqueur d’étape lors du Tour d’Italie 2010 et lauréat de deux titres de Champion de France de poursuite. Retour avec Damien sur son étonnant parcours, de ses années Cofidis à l’aventure japonaise.
Bonjour Damien, tu es resté 9 ans chez Cofidis avant d’entamer l’aventure chez Bridgestone. Parle-nous un peu de cette première partie de carrière et ce qui t’a amené à rejoindre ta nouvelle formation.
Bonjour ! Ma carrière au sein de l’équipe Cofidis a eu des hauts et des bas. Mes débuts ont été très difficiles. Il m’a fallu 3 ans avant de commencer à pouvoir leur servir à quelque chose. Mais, l’équipe et Eric Boyer m’ont fait confiance et j’ai un peu plus progressé tous les ans. Je ne connaissais absolument rien du métier de coureur cycliste quand je suis passé pro. J’arrivais de mon tout petit club amateur où je roulais 2 ou 3 fois dans la semaine et où je mangeais tout et n’importe quoi ! Ma rencontre avec l’actuel entraineur de Cofidis, Vincent Villerius, m’a fait passer un énorme cap et m’a permis d’avoir de très beaux résultats et ma fameuse victoire d’étape sur les routes du Giro d’Italia !
Après, tout s’est enchainé, mais du mauvais côté… Après mon Tour de France 2010, j’étais très fatigué. Cela m’avait fait enchainer Vuelta 2009, Giro et Tour 2010. J’avais besoin de souffler. A l’intersaison, j’ai contracté une bactérie à l’estomac (helicobactere pyloris) qui m’a plombé ma saison 2011. La suite ? … C’est cet accident à l’entrainement en janvier 2012. Je sortais de stage avec l’équipe et je sentais la forme revenir à grand pas. Mais, un chauffard est venu me couper dans mon élan… Résultat : traumatisme crânien (45min inconscient), nez, mâchoire et paumette cassés, 8 dents arrachées…. Bref, saison 2012 foutue avant d’avoir commencée. J’étais en fin de contrat cette année là. Eric Boyer était venu me visiter à l’hôpital et m’avait, une nouvelle fois, renouvelé sa confiance pour 2013… Cependant, Eric a du quitter l’équipe au Championnat de France 2012 et le nouveau manager Mr Sanquer ne voulait pas d’un éclopé dans son équipe pour 2013…
C’est pour cela que je me suis retrouvé dans mon équipe Japonaise grâce au soutien de mon ami, Takéhiro Mizutani, que je connais depuis plus de 10 ans. Je souhaitais rebondir en 2014, mais le contexte économique est de plus en plus dur pour les équipes, et les places de plus en plus chères… Donc, ce n’est pas facile de revenir…
Comment vous êtes-vous connus avec Takéhiro Mizutani ?
J’ai connu « Také » sur le vélo! La 1ère fois que je l’ai rencontré, c’était lors d’une sortie de vélo entre amis. J’étais encore junior ! Mais c’est un peu plus tard, lors de mon passage chez les pros, que j’ai tissé de vrais liens d’amitié avec lui et Dmitry Fofonov. En effet, moi et « Dimi » étions membres de l’équipe Cofidis alors que Také faisait partie de l’équipe Anchors.
Nous nous retrouvions pratiquement tous les jours à l’entrainement et on habitaient à moins de 5min les uns des autres !!! De plus, avec Také, nous avons une partie du même cercle d’amis, nous nous retrouvons donc souvent tous ensemble. Takehiro est le DS de l’équipe Bridgestone Anchors depuis l’année dernière. Quand je lui ai appris que, suite à mon accident, l’équipe Cofidis ne renouvelait pas mon contrat, il a tout fait pour pouvoir m’engager dans son équipe !
Est-ce que tu ressens une différence d’approche entre le cyclisme européen et celui que tu as pu découvrir au sein de la formation Bridgestone ?
Non, il n’y a pas une énorme différence entre le vélo ici et là-bas. Les plus « grosses » différences viennent du fait que les équipes Japonaises n’ont pas le même budget que les équipes Européenne. Il faut donc faire avec !
Et au niveau des courses, c’est plutôt exotique non ?
On peut noter quelques différences entre les courses Japonaises et Européennes. Comme la mythique étape du Mont Fuji, sur le Tour du Japon. 12km de course, départ au pied du Fuji… Mais pas pour un départ de CLM, mais bien pour une course en ligne ! Ça fait bizarre la 1ère fois ! Surtout avec un dénivelé moyen de 15% et des passages à 20/25%. Cela écrème le peloton très très rapidement !
Il y a aussi cette étape de Izu (photo ci-dessus), tout en circuit dans le parc national du Keirin, sur des routes réservées aux coureurs sur piste pour leur entrainement, avec des virages toutes les 30 secondes, des descentes méga rapides avec virages relevés (j’ai pris 93km/h lors de la dernière édition !), 4465m de dénivelé en 146km de course. Tout le monde fini rincé de cette étape, dans la tête et les jambes !
Sinon, au Japon, c’est à 98% course en circuit. Les organisateurs n’arrivent pas à avoir les autorisations pour des courses en ligne. Les départs sont toujours très tôt et des étapes assez courtes. Ce qui me faisait bizarre au début, c’est quand on se retrouvait à l’hôtel avec une chambre pour les 6 coureurs : un tatami par terre et les futons à installer au sol… J’ai connu plus reposant mais je m’y suis fait !
Dans le même style, il faut prendre l’habitude des traditions alimentaire du pays. Mais, pour ça, ça allait. Ayant une femme chinoise, je connaissais déjà pas mal de choses de la cuisine japonaise ! A part ça, des équipes étrangères sont invitées régulièrement sur les courses asiatiques, ce qui fait que ça reste quand même assez carré dans le déroulement de la course.
Merci Damien, que peut-on te souhaiter pour la suite ?
L’année dernière, j’ai intégré cette équipe dans l’espoir de retrouver une équipe plus performante, avec un meilleur programme de courses. Mais, avec le contexte économique actuel (réduction de budget des équipes, arrêt de nombreuses équipes), j’ai un peu perdu espoir… Je pencherai donc plus pour qu’on me souhaite une bonne reconversion professionnelle… Dans le monde du vélo, ça serait cool !
Propos recueillis par Alex.
Un grand merci à Damien pour sa disponibilité.