Ses 1700 mètres étaient attendus comme le juge de paix de ce chrono et ce fut en effet le cas. C’est là que les vainqueurs du jour, la BMC, est venue arracher pour moins d’une seconde la victoire face au Sky du Chris Froome, qui conforte ici son maillot jaune.
Alors cette étape ?
Par Oliv
Attrapes-moi si tu peux !
Championne du monde en titre de la discipline, la BMC de Tejay Van Garderen était présentée comme la favorite de l’étape du jour. Sa victoire, dans le même exercice, sur le récent Dauphiné apportant de l’eau aux moulins de ceux qui avaient misé sur l’équipe helvético-américaine. Mais les rouges et noirs ont du ferrailler avec le rouleau compresseur SKY. Habilement ces derniers jours, de nombreux équipiers de Froome (comme Richie Porte ou encore Peter Kennaugh), se sont relevés dans les finals d’étape pour s’économiser en vue du chrono. Bien leur en a pris, car la SKY a pointée en tête de l’ensemble des pointages intermédiaire, avec une différence ténue sur la BMC à chaque fois.
Au pied de la rampe finale, la SKY ne possède qu’une seconde d’avance sur la BMC et se retrouve à cinq coureurs pour finir. Hélas pour les britanniques, la cinquième roue du carrosse couine. Nicolas Roche est à la limite de la rupture, il pousse une gueulante parvenant à déchirer les vivas de la foule (d’ailleurs, quel public impressionnant aujourd’hui !) et suffisant à interpeller ses compagnons, Chris Froome en tête, à lever le pied pour franchir la ligne à cinq, mais 62 centièmes trop tard face à la BMC.
Un peu de friture sur la ligne chez Movistar
Parmi les performances remarquables, notons l’excellent comportement de la Movistar qui n’échoue qu’à quatre secondes. Les espagnols auraient pu même espérer l’emporter, si ils n’avaient pas fait preuve d’un bref manque de cohésion dans la bosse suivante le point de chronométrage intermédiaire du Croiseau (km 20,5). Quintana ayant haussé trop fort le rythme, il dut attendre que les wagons puissent se raccorder à son sillage de locomotive colombienne.
Contador et Nibali distancés
Dans ce concert d’écarts serrés, les 28 secondes de débours pour Contador et la Tinkoff-Saxo et les 35 perdues par les Astana de Nibali apparaissent comme un réelle contre performance. Pour Nibali, ça devient inquiétant et pour Contador, c’est la promesse de le voir se découvrir dès les Pyrénées. Les quatre fantastiques auront tout à loisirs de penser à leurs futures stratégies, durant le transfert aérien qui les conduira à Pau, avant une journée de repos (bien mérité après une première semaine éprouvante), dans la capitale béarnaise.
Ça mouline
Froome, en véritable chef de file
Par Alex
À force de le sentir au dessus de la mêlée, on aurait tendance à minimiser le comportement et la performance de Chris Froome sur l’épreuve chronométrée du jour. Et pourtant, il faut être honnête, la plus grosse difficulté pour la Team Sky aujourd’hui était d’être à la hauteur de son leader. La fraîcheur et la lucidité du Kenyan Blanc ne peuvent être remises en cause à l’issu de ce chrono par équipes. Lors de la « so bretonne » montée de Cadoudal, on le sentait pas franchement puiser dans ses ressources. Il a multiplié le dialogue avec son oreillette (futur titre de son autobiographie qui devrait sortir d’ici l’Automne), tout en haussant le ton pour encourager au mieux le cinquième homme de sa formation. En interprétant un peu la scène avec du recul, on pourrait presque avoir la sensation qu’il devait faire attention à ne pas appuyer trop fort pour que ses petits copains puissent tous en terminer.
Un TVG lancé à pleine vitesse
Par Tibaldi
On évoquait hier la possibilité de voir Tejay Van Garderen se vêtir de jaune à l’issue du chrono par équipes. Calé à 13 secondes de Froome, il pouvait légitimement y penser, mais les Sky ont visiblement décidé de renfiler leur costume de machine à rouler, à la mode printemps/été 2013. Pas de nouveau leader donc sur ce Tour encore (un peu) indécis, mais les BMC ont quand même fait forte impression aujourd’hui.
En même temps, difficile d’en être surpris. L’équipe sacrée championne du monde l’an passé comptait déjà dans ses rangs à Ponferrada les bisons italiens Oss et Quinziato, sans oublier Rohan Dennis, vainqueur du chrono d’Utrecht, et évidemment Van Garderen, coureur complet et redoutable rouleur. Si l’on a mis en avant, à juste titre, la performance de Thibaut Pinot sur le contre-la-montre inaugural, on se doit de préciser que le jeune Américain de la BMC n’a fini qu’à une seconde du protégé de Madiot, battant dans l’anonymat le carré d’as de cette Grande Boucle.
Et pourtant, ce ne sont pas les références qui manquent sur le CV de Tejay. Décevant sur le Tour de France 2013, où l’on se souvient tous de sa défaillance terrible face à Riblon dans les derniers hectomètres de l’étape de l’Alpe d’Huez, il a néanmoins terminé cinquième à Paris en 2012 et 2014. Outre son expérience sur le Tour (qui n’est pas celle de Contador, bien sûr, mais qui vaut largement celle de ses autres concurrents), il peut aussi compter sur une équipe soudée autour de lui et totalement dévouée à son leader. Entouré dans la plaine par les rouleurs qui ont sorti les watts aujourd’hui, et propulsé en montagne par des gars aussi talentueux que Samu Sanchez ou Damiano Caruso (petite pensée en passant pour l’excellent Amaël Moinard, non retenu cette année), on peut penser que Van Garderen sera rarement seul avant la grande bagarre. Mais c’est bien là, dans les rampes finales des cols, quand il n’en restera plus que huit ou dix, que ce grand échalas devra se lâcher. Difficile de savoir ce qu’il a réellement dans le ventre : on se souvient qu’en 2012 il n’avait pas hésité à braver le leadership de Cadel Evans pour jouer sa carte, alors qu’un an plus tard il n’avait pas su émerger du bordel ambiant qui régnait chez BMC.
Toujours est-il que c’est un « TVG » lancé à grande vitesse qui s’avance vers les Pyrénées avec un maximum de confiance. Il a en tout cas devant lui une occasion unique de faire pour de bon son entrée dans la cour des grands.
Ça déraille
Pour Nibali, c’est ballot
Par Alex
Hier, on était presque mal à l’aise lorsque le Requin de Messine se cassait les dents sur le Mur de Bretagne. Perdre dix secondes en un kilomètre, voilà qui est symptomatique d’un réel manque de percussion de l’italien. Aujourd’hui, c’était l’occasion pour lui de montrer qu’il était toujours dans le tempo et que son équipe était suffisamment solide pour combler cette petite défaillance. Résultat ? 35 secondes perdues sur la BMC. À Plumelec, Nibali pointe désormais à 2 minutes 22 de Chris Froome. Le Tour est-il déjà perdu pour la formation Kazakhe ? Non et Nibali a même semblé mettre quelque peu en difficulté ses coéquipiers sur le parcours. Le Tour est donc loin d’être perdu pour le leader d’Astana même s’il semble en tout cas encore plus loin d’être gagné. Espérons que la première étape de montagne, ce mardi, lui permettra de rassurer et surtout de se rassurer car après une semaine de Grande Boucle, c’est bel et bien lui le grand perdant côté favoris.