[dropcap size=big]S[/dropcap]ouvenez-vous. Il y a déjà 16 mois, l’australien volant, Simon Gerrans virevoltait du côté du grand nord américain en enlevant les deux épreuves canadiennes du World Tour, à savoir le Grand prix de Québec puis celui de Montréal, relayant les solides Tom Dumoulin, Ramūnas Navardauskas, Rui Costa ou encore Tony Gallopin aux places d’honneurs. C’était totalement logique d’en faire un grand favori pour les Mondiaux de Ponferrada et sous le soleil ibérique, l’australien brille mais loupe le coche de peu, de très peu, devancé uniquement par l’explosif Michał Kwiatkowski. Le polonais qui aura su résister au retour des favoris suite à son attaque dans l’avant-dernière descente, une énorme prise de risque récompensée sur une chaussée détrempée. Et cette seconde place marque le déclic mais pas un déclic dans le bon sens, un déclic qui claque, qui précipite un champion dans les méandres de la malchance. Simon Gerrans, un poisseux ? À vous d’en juger.
Joyeux Noël Simon
Alors qu’il terminait cette saison 2014 au 3ème rang mondial, l’australien affichait notamment au compteur les victoires sur les Championnats d’Australie sur route, son désormais habituel Tour Down Under mais aussi et surtout la 100ème édition de Liège-Bastogne-Liège.
Il aurait pu attendre le début de saison suivante pour faire à nouveau parler de lui mais c’était évidemment sans compter sur le jour où tout a basculé. En décembre, alors que tout le monde profite de la féerie de Noël avec une certaine insouciance, Simon lors d’une sortie d’entrainement part au tapis. Mais lorsque c’est le bitume qui fait office de tapis, aucune place pour le bluff et lorsqu’il se relève, c’est avec une fracture de la clavicule gauche. Joyeux Noël !
Une fois n’est pas coutume, Simon ne peut défendre ses titres sur les championnats nationaux et le Tour Down Under, il ne pourra ainsi profiter de l’été australien pour assommer la concurrence. Une absence bien sûr remarquable est regrettable mais personne ne doutait que sur le fait que l’australien, à la trentaine bien entamée, allait se remettre en selle et revenir très rapidement sur le devant de la scène. Bien qu’un peu précipité, beaucoup d’observateurs l’attendaient sur les Classiques printanières, elles n’auraient pas la même saveur sans l’un des principaux animateurs de la période.
Retour perdant
La reprise arrive enfin pour celui qui attendait ça avec impatience. Son staff l’annonce en forme, ayant totalement récupéré de sa fracture et, alors qu’il est sous le feu des projecteurs pour sa grande rentrée sur la Strade Bianche… Il chute à nouveau et écope d’une autre fracture qui vient orner le palmarès des blessures du coureur, loin d’être en verve. C’est la tête du radius qui est touchée, nouvelle sortie de route pour Simon Gerrans. On se dit alors qu’il serait difficile d’être plus poisseux mais l’Australien ne rechigne pas à la tâche et revient un mois plus tard lors du Tour du Pays basque où il se remet en selle et peut ainsi entreprendre la saison des classiques. Malheureusement, il est pris une nouvelle fois dans une chute lors de la classique, de sa classique, Liège-Bastogne-Liège et devra abandonner, drôle de façon de défendre son titre, belle amertume en bouche.
Une petite récompense se dessine tout de même lorsque, aligné sur le Giro et suite à la victoire inaugurale de sa formation sur le chrono par équipe, il enfile le maillot rose de leader pour une petite et illusoire journée. Tout semble finalement se remettre dans l’ordre et Simon est bien évidemment aligné sur la Grande Boucle, difficile pour son équipe de se passer de ses grandes qualités mais lors de la troisième étape, il chute à nouveau !
Suite à l’avalanche collective, il doit abandonner, souffrant d’une nouvelle fracture, cette fois du poignet gauche. En quelques mois, le statut de Gerrans est passé d’intraitable à maltraité.
Le soleil brille à nouveau
C’est une période très complexe pour tout sportif de haut niveau qu’à traversé l’australien. Mais cette semaine, il s’est rappelé à notre bon souvenir en s’imposant de la plus belle des façons qu’il soit, supporté par un très beau collectif de la team Orica sur le Down Under, l’ouverture médiatique de la saison. C’est déjà un quatrième sacre pour Simon Gerrans sur ses routes de l’épreuve australienne.
Autour d’Adélaïde, l’enfant du pays a su gérer avec brio son statut de favori en s’appuyant sur l’implication sans faille de ses coéquipiers. Il faut souligner qu’il ne s’agit pas uniquement de la victoire d’un homme mais de l’aboutissement d’une suprématie collective où la team Orica – Green Edge aura su imposer sa loi, avec pas moins de quatre victoires d’étapes sur les six que compte l’épreuve australienne. Ni la BMC de Richie Porte et encore moins la Sky d’Henao n’auront su faire bouger les lignes. Simon Gerrans est enfin de retour, une bonne petite gaufre en perspective du côté de Liège ce printemps ?