À quelques heures de l’épilogue de cette 113ème édition de Paris-Roubaix, la rédaction vous livre ses favoris, entre coeur et raison, qui nous donnera le grand frisson sur le mythique Vélodrome de Roubaix, ville capitale du cyclisme ?
Pour Olivier
Favori de la raison : Alexander Kristoff
Alexander Kristoff, l’homme à battre. (Photo : AFP)
Qui d’autre que l’ogre de Stavanger, qui cette saison est irrésistible ? A l’image d’un Philippe Gilbert en 2011, Kristoff rafle tout sur son passage. Depuis le début du mois d’avril, seul le contre-la-montre des Trois jours de la Panne s’est refusé à lui. Sa démonstration sur le Tour des Flandres de dimanche dernier, prouve qu’il est capable de faire la décision bien avant un éventuel emballage final. Et à moins que chez Etixx on se décide enfin à bien courir (et à convaincre Terpstra de jouer collectif…), difficile de trouver un rival à la hauteur du norvégien. Seule la sorcière aux dents vertes semble en mesure de lui barrer la route, celle-ci ayant pour habitude d’épingler un dossard sur l’enfer du nord. Reste à savoir de qui se chargera-t-elle…
Favori du cœur : Arnaud Démare
Pourquoi le champion de France va s’imposer au vélodrome de Roubaix ? Parce que statistiquement depuis le début, un coureur FDJ s’impose dans la course suivant un succès de Nacer Bouhanni, son ancien sprinteur. Bon, ok, cela ne s’est produit qu’une fois (avec la victoire d’Anthony Roux au lendemain de la 1ère victoire de Bouhanni), mais ça reste un fait avéré. Parce qu’ensuite, Arnaud Démare est dans l’équipe française qui respire le mieux Paris-Roubaix. Son manager général n’est autre que Marc Madiot et l’on sait ce dernier parfois très superstitieux, ce qui pour son sponsor (notre chère loterie nationale) est une aubaine. Il y a trente ans tout juste, Madiot remportait son 1er Paris-Roubaix chez les pros et avouez que le champion de France qui s’impose cette année, ça aurait sacrément de la gueule ! Et puis détail plutôt important, c’est Mavic qui assure l’assistance neutre de Paris-Roubaix. Le seul risque de voir la carrosserie de la Skoda du boss de la FDJ se plier, sera pour celle-ci de se voir marteler par le poing de Madiot matraquer inlassablement sa portière, en hurlant derrière un Démare filant seul pour la victoire sur le vélodrome. Et puis, avouez-que voir la une de l’Equipe barrée d’un énorme « Démare en trombe ? », serait un kiff total.
Pour Sergeï
Mon favori de la raison : Alexander Kristoff
Je voulais la jouer différemment de mes collègues et de la majorité des suiveurs, mais force est de constater que le grand favori de ce 99° Paris-Roubaix ne sera personne d’autre que Alexander Kristoff, il a prouvé dimanche dernier qu’il était le plus fort actuellement et a décidé mercredi d’inscrire son nom au palmarès du Scheldeprijs, pour signer là sa 11° victoire de l’année ! Pour info depuis le 22 mars à San-Remo il a neuf jours de course, dont 5 victoires, sa plus mauvaise place étant une 9° place sur Gent-Wevelgem… Sauf incident il sera le grand favori pour ce Paris-Roubaix 2015, son seul point faible : son équipe ou plutôt son équipier ! Car seul Paolini est en mesure de lui être utile, sur le Tour des Flandres le norvégien était le plus costaud et a pris la course en main en partant à 30km de l’arrivée, mais sur le Paris-Roubaix il sera surveillé… Alors s’il n’a pas la possibilité de suivre toutes les attaques je vous livre mon petit coup de cœur : Zdenek STYBAR, qui pourrait profiter du marquage Tepstra/Wiggins/Kristoff et qui sera sûrement moins surveillé qu’un Geraint THOMAS ou Greg VAN AVERMAET…
La réponse nous l’aurons dimanche après-midi… sur les pavés !
Favori du cœur : Jens Debusschere
Jens Debusschere, champion de Belgique en titre pourrait créer la surprise (Photo : ANP)
Jens DEBUSSCHERE, le champion de Belgique, grosse côte sur les sites de paris en ligne (100 contre 1 sur la plupart des sites de paris) et englué au sein d’une armada redoutable qui peine à l’emporter sur un grand monument depuis le départ de Philippe GILBERT (aucune victoire sur une grande classique depuis la formidable année 2011 du belge parti depuis chez BMC).
Il ne sera probablement pas le leader de son équipe dans laquelle on retrouve Greipel, Roelandts, Bak, et Benoot la révélation du dernier Tour des Flandres. Et pourtant à la vue de son année sur les flandriennes, on se demande pourquoi n’est-t-il pas plus souvent cité parmi les favoris, voyez par vous-même : 12° du Het Niewsblad, 7° de Kuurne-Bruxelles-Kuurne, Vainqueur d’une étape du Tirreno-Adriatico et 3° d’une autre étape, 8° d’A Travers La Flandre, 5° de Gent-Wevelgem, 2° de la première étape des 3 jours de La Panne, son seul « raté » étant sa 25° place sur le Tour des Flandres au cours duquel il a du rouler toute la journée pour son leader Roelandts. Malheureusement excepté une course étonnante Herman FRISON le Directeur Sportif de Lotto-Soudal a prévu de refaire les mêmes choix que sur Milan-San Remo (tout pour Greipel) et le Tour des Flandres (tout pour Roelandts), et toute l’équipe sera au service de Roelandts pour un top 10 alors que de mon avis, sur une course plate et où la puissance parle comme sur Paris-Roubaix, les deux électrons libres devraient être Debusschere et Greipel…
Pour Phil
Mon favori du coeur et de la raison : Arnaud Démare
Un picard au sommet sur ce Paris-Roubaix ? (Photo : AFP)
J’aime rêver, je choisis Arnaud Démare ! S’il ne se fait pas pièger, sait on jamais . Pourquoi je choisis Arnaud Démare ? C’est un coureur endurant qui passe bien les pavés, et s’il arrive à Roubaix dans un petit groupe, sa pointe de vitesse pourra faire la différence. Je pense qu’il s’est bien entraîné pour cet objectif et de plus, il bénéficie des conseils de son directeur sportif, Marc Madiot, un des derniers français à avoir enflammé le vélodrome en emportant cette superbe classique. En tout cas, je serai à ORCHIES,au bord du chapiteau dressé prés du pavé pour cette occasion , occupé à servir à boire et à manger aux supporters, avec l’aide des bénévoles du Cyclo Club Orchies dont je fais partie. Si vous n’êtes pas loin, faites le détour. En attendant le passage des coureurs, vous pourrez assister à la retransmission en direct sur écran géant.
Pour Arthur
Mon favori de la raison : Alexander Kristoff
En ce qui concerne la raison, comment ne pas dire Kristoff ? Cette année, il est irrésistible, à part sur Milan-San Remo où il a été battu par Degenkolb. Sinon ? Sur pavés, il n’y en a eu que pour lui ! Il n’a laissé que des miettes à ses adversaires. Moi ça me rappelle quelque chose, ça me rappelle 2011, année où Philippe Gilbert a été impérial, remportant toutes les classiques des Ardennaises, le championnat de Belgique, la première étape du Tour au Mont des Alouettes, et la Clasica San Sebastian. Alors Kristoff est fort, très fort, mais Paris-Roubaix est à part, ce n’est pas la même chose que le Tour des Flandres. Il aura de la concurrence avec Thomas, et surtout Terpstra, qui voudra se reprendre après son échec de dimanche dernier. Degenkolb sera là, de même que Sagan, qui n’a toujours pas répondu aux attentes sur les classiques du nord. Alors ce Paris-Roubaix offre un beau plateau, et sans les deux grands coureurs qui ont dominé ces dernières années, et vu sa forme actuelle, Kristoff, s’il n’a pas de souci mécanique ou un quelconque problème, a toutes les cartes en main pour l’emporter.
Mon favori du coeur : Arnaud Démare
1997, ça fait loin. Trop loin ! Paris-Roubaix est un monument, et ça fait trop longtemps qu’un Français a levé les bras sur cette course. C’est pour ça qu’Arnaud Démare est celui que je veux voir gagner. Pourquoi lui ? Parce qu’il est jeune, parce qu’il n’a pas forcément été chanceux lors de ses dernières sorties, mais aussi parce que s’il y a une équipe française qui peut faire gagner un Français au vélodrome de Roubaix, c’est bien la FDJ, avec Marc Madiot aux commandes. Au sprint, si Démare est en grande forme, il peut battre tout le monde, même Kristoff ! Alors ce dernier fait figure d’épouvantail, surtout sans Cancellara et Boonen, les deux monuments de l' »Enfer du Nord » encore en activité. Alors je rêve peut-être, mais faut avouer que Démare qui gagne à Roubaix, après 250 bornes, et avec le maillot tricolore sur les épaules, ce serait magnifique !
Pour Alex
Mon favori du coeur et de la raison : Florian Sénéchal, le pur produit du coin.
Florian Sénéchal, toutes les cartes en main pour profiter d’une course ouverte (Photo : courantsd-aire.over-blog.com)
Je me souviens toujours de cette étape des 4 Jours de Dunkerque, empruntant les pavés du secteur d’Orchies sous des trombes d’eau, où les coureurs arboraient fièrement leurs peintures de guerre, faites de boue essentiellement. Ce jour là, j’ai croisé de nombreux coureurs, certes courageux mais qui n’avaient rien à faire ici (envoyés là essentiellement pour faire tourner les jambes… On connaît mieux), si ce n’est prouver leur courage et leur détermination. Car oui, le Nord, ses pavés, la pluie ou à défaut son vent créant d’inombrables bordures, cela s’apprivoise, s’apprend et pour moi, avant de dominer les obstacles juchant la route vers le Vélodrome de Roubaix, il faut les connaître pour ne plus en avoir peur.
Est-ce possible ? Peut-être pas à cent pour cent, vous répondront bon nombre de coureurs passés par là. Mais j’en connais un, pour qui courir Paris-Roubaix évoque une grande fierté, presque un rêve de gosse alors que j’entends depuis ma plus tendre enfance revenir inlassablement l’expression « l’Enfer du Nord ». Cet homme là, c’est Florian Sénéchal. Il ne s’en cache pas et a déjà témoigné sur Le Dérailleur : « Mon plus grand rêve est de gagner Paris-Roubaix ». Certes, cela peut paraître un choix du cœur, mais détrompez-vous, c’est aussi un choix de raison, peut-être pas pour cette année mais je n’en démordrais pas ! L’homme en rouge dispose d’une sacré trousse à outils pour un jour soulever ce pavé chargé d’histoire et de sens.
Pour rappel, Florian n’est pas un novice en la matière, loin de là ! En 2010, il termine à la onzième place de Paris-Roubaix juniors. Petite déception de ne pas figurer dans les 10, mais quoi de mieux que de l’emporter la saison suivante pour prendre du recul ? 2011 marque donc un beau moment dans la jeune carrière de Florian Sénéchal car elle est aussi là, la différence : le bonhomme connaît tellement bien les terres nordistes, routes et chemins où il a fait ses gammes. Le passage du côté de la réserve d’Omega Pharma-Quick Step (où il terminera neuvième de Paris-Roubaix espoirs en 2012) lui permettra d’observer et d’apprendre de ses ainés, auprès de Tom Boonen notamment dont il dit avoir appris énormément. En 2014, nous avons le plaisir de le retrouver sous le maillot rouge de la Cofidis où il fera véritablement ses armes côté pro sur les courses qu’il affectionne tant (l’E3, le Het ou encore À travers les Flandres). À peine ving-et-une années au compteur et déjà de très belles dispositions pour créer la surprise. Le moment viendra…
Pour Tibaldi
Mon favori du coeur : Björn Leukemans
Un doyen pour s’emparer d’un mythe ? (Photo : wanty-groupegobert)
Comment imaginer que ce bon vieux Björn Leukemans, bientôt 38 printemps au compteur, puisse continuer à accumuler les places d’honneur dans les classiques du printemps sans en remporter une belle? Lui, le Flamand téméraire, qui s’est durci le cuir au fil des saisons et de ses nombreux raids devant le peloton, se retrouverait donc contraint de jouer jusqu’au bout son rôle secondaire de dynamiteur de course sans pouvoir jamais enfiler, ne serait-ce que pour une journée, le costume du héros? Le cyclisme est cruel, parfois injuste, et l’histoire ne retient souvent que le nom du vainqueur. Mais dimanche, sur le vélodrome de Roubaix, Björn Leukemans aura enfin son heure de gloire, et c’est tout ce qu’il mérite.
6ème en 2010, 4ème en 2007, présent à l’avant de la course et dans le top 20 du classement ces deux dernières saisons, le leader de la formation Wanty-Groupe Gobert a une vraie carte à jouer cette année. Boonen et Cancellara n’écrabouilleront pas la course, puisqu’ils la regarderont à la télé ; Terpstra, Vanmarcke et compagnie feront tout pour ne pas emmener Degenkolb ou Sagan sur leur porte-bagage, de peur de se faire plumer au sprint ; quant à l’épouvantail Kristoff, il sera marqué de tellement près qu’il ne pourra bouger une oreille…
Résultat c’est Leukemans, premier outsider à se porter à l’avant, qui sera finalement sacré prince de l’Enfer du Nord, profitant d’un scénario aussi haletant qu’inattendu. Alors certes, on le qualifie souvent plutôt de puncheur, pour sa faculté à bien négocier les monts et les bosses des parcours du Tour des Flandres ou de l’Amstel. Certes, il n’est plus tout jeune, et la nouvelle génération frappe à la porte du palmarès des Monuments. Certes, il ne fait peut-être pas le meilleur début de saison de sa vie. Mais il connaît toutes les ficelles de son métier de Flahute, bénéficie d’une liberté totale de la part de son équipe, et son tempérament offensif sera un atout majeur si la course tarde à s’enflammer, comme sur le Ronde la semaine dernière. Alors si vous avez un petit billet à mettre sur le vainqueur de Paris-Roubaix 2015, laissez parler votre instinct d’éternel baroudeur et misez Leukemans !