Si vous avez constaté des niveaux élevés de glycémie à jeun, ce n’est peut-être pas à cause de cette collation nocturne avant de vous coucher, mais plutôt en raison de la manière dont votre corps utilise les hormones impliquées dans la régulation du glucose et du diabète.

Lorsque vous vivez avec le diabète, vous êtes probablement bien conscient des variations de votre glycémie tout au long de la journée. Mais il peut être frustrant de voir des résultats de glycémie à jeun élevés, surtout quand cela ne semble pas correspondre à vos habitudes alimentaires. Il arrive même que certains remarquent une baisse de leur glycémie à jeun lorsqu’ils mangent quelque chose avant de se coucher, ce qui rend la situation encore plus déroutante.

Dr. Robert Chilton, cardiologue et professeur de médecine à l’Université du Texas Health Science Center à San Antonio, explique : « Il est logique de pointer du doigt ce que l’on mange entre le dîner et le coucher pour expliquer une glycémie à jeun élevée, mais étonnamment, la nourriture n’est pas le principal coupable. » La véritable raison de l’augmentation de la glycémie à jeun est liée à un dérèglement hormonal du contrôle du glucose.

Les hormones essentielles pour le contrôle de la glycémie

Au fil des années, voire des décennies, le contrôle hormonal de la glycémie se détériore chez les personnes atteintes de diabète de type 2. Quatre hormones jouent un rôle clé dans la régulation du glucose :

  • Insuline : produite par les cellules bêta du pancréas, elle aide l’organisme à utiliser le glucose provenant des aliments en permettant à ce dernier de pénétrer dans les cellules pour fournir de l’énergie. Les personnes atteintes de diabète de type 2 voient leurs réserves d’insuline diminuer progressivement.
  • Amylin : sécrétée par les cellules bêta, elle ralentit la libération du glucose dans le sang après un repas en retardant la vidange de l’estomac et en augmentant la sensation de satiété. Les personnes atteintes de diabète de type 1 et de type 2 sont déficientes en amylin.
  • Incrétines : un groupe d’hormones sécrétées par les intestins, dont le glucagon-like peptide 1 (GLP-1), qui stimulent la libération d’insuline après un repas. Elles ralentissent également la vidange de l’estomac, favorisent la satiété, retardent la libération du glucose dans le sang et empêchent le pancréas de libérer du glucagon, réduisant ainsi la quantité de glucose dans le sang.
  • Glucagon : produit par les cellules alpha du pancréas, il décompose le glucose stocké dans le foie et les muscles et le libère pour fournir de l’énergie lorsque le glucose provenant des aliments n’est pas disponible.

Comment fonctionnent ces hormones dans le corps

En l’absence de diabète, le corps gère l’apport et la demande de glucose (l’énergie provenant des aliments) 24 heures sur 24. Ce système repose sur les quatre hormones, que l’on peut appeler les messagers, et sur une boucle de rétroaction continue qui transmet des messages entre le cerveau, l’intestin, le pancréas et le foie.

À jeun

Lorsque la glycémie diminue après avoir atteint un pic suite à un repas, le pancréas réduit la production d’insuline. En parallèle, deux autres hormones diminuent également : l’amylin et le GLP-1, qui aident à stocker et à utiliser le glucose. Une quatrième hormone, le glucagon, entre en jeu pour maintenir un flux constant de glucose. Le glucagon envoie des messages au foie et aux muscles pour produire du glucose à partir de l’énergie stockée.

Après un repas

La nourriture augmente la glycémie et envoie un signal aux intestins pour libérer du GLP-1, ce qui déclenche la production d’insuline et d’amylin. Ces hormones aident les cellules à utiliser le glucose provenant des aliments pour alimenter le corps. Le glucagon cesse d’être produit, car il n’est plus nécessaire de libérer du glucose provenant du foie ou des muscles lorsque la nourriture est disponible. L’impact de la nourriture sur la glycémie, même après un repas copieux et riche en graisses, dure moins de six heures.

Le phénomène de l’aube et l’effet Somogyi

Il existe deux autres situations pouvant entraîner une glycémie à jeun élevée :

  • Le phénomène de l’aube : ce phénomène fait partie du rythme circadien normal du corps pour se réveiller et démarrer la journée. Des hormones telles que l’hormone de croissance et le cortisol sont libérées et augmentent la glycémie. En l’absence de diabète, le corps réagit simplement à cet effet matinal en produisant plus d’hormones pour maintenir la glycémie sous contrôle. Ce n’est pas le cas chez les personnes atteintes de diabète de type 1 ou de type 2, ce qui explique pourquoi elles peuvent se réveiller avec une glycémie élevée.
  • L’effet Somogyi : il s’agit d’une glycémie à jeun très élevée, supposée être causée par une production excessive de glucose par le foie en réponse à une hypoglycémie (baisse de la glycémie) durant la nuit. L’effet Somogyi est rare chez les personnes atteintes de diabète de type 2, et il y a un débat sur son existence réelle avec les insulines à action rapide et prolongée disponibles aujourd’hui.