Aujourd’hui, un petit retour sur les routes de ce Tirreno 2015, une course riche en spectacle et pas dénuée d’enseignements pour la suite de la saison.
Nairo Quintana aime les batailles de neige.
Des images de dingue où le terme dantesque est tout à fait approprié. Lorsque Nairo Quintana, le prodige colombien franchit la ligne d’arrivée au sommet du Terminillo, jonglant avec de gros flocons de neige, on ne peut qu’être admiratif des qualités physiques intrinsèques mais aussi et surtout du mental de ce petit bonhomme, issu des sommets d’Amérique du Sud – son village se trouve à 2 800 mètres d’altitude – et venu briller sur les plus belles pentes du Vieux Continent.
Une attaque, personne ne le reverra. Il est très tôt dans la saison, peut-être même trop tôt pour afficher une telle condition, une forme insolante à en faire craquer ses principaux rivaux. Plus de quarante secondes grattées à ces derniers qui semblaient plus pressés d’en terminer que de réellement imaginer pouvoir rattraper le grimpeur de poche. Bref, du grand Art ! Attention tout de même à une limite et pas des moindre lorsque l’on vise une victoire sur Grand Tour et encore plus sur le Tour de France : le contre-la-montre où Quintana a encore beaucoup à apprendre. Il l’illustre sur la dernière étape en terminant au delà de la cinquantième place.
Comme le bon vin, Thibaut Pinot ne cesse de se bonifier avec le temps.
À quatre petites secondes du podium mais que la démonstration fut bonne ! Thibaut Pinot confirme que son podium sur la Grande Boucle et son maillot blanc n’étaient en rien un coup de bol. Ça tombe bien car on en était déjà bien conscient. Très à l’aise et toujours au contact des meilleurs durant les grandes difficultés du parcours, il s’est même montré à son avantage en remuant le groupe des favoris, pas du tout frigorifié face à de telles conditions de course.
En manches courtes sous la neige, comme si on était en haut du Galibier sous un soleil de plomb… Nous savons ce qui tient chaud au gamin de Mélisey : sa fougue ! Un coureur comme on les aime, comme il nous en manque et qui nous fera à coup sûr vibrer de nombreuses fois cette saison.
Sagan, ça gagne… enfin !
On commençait presque à s’inquiéter pour l’enfant terrible du cyclisme slovaque. Il est vrai que la saison dernière, Peter ouvrait son compteur plus tôt dans la saison, lors de la quatrième étape du Tour d’Oman. Les indicateurs restaient tout de même au vert avec pas mal d’accessits : pas moins de quatre fois sur la seconde marche du podium, au Qatar puis sur ce Tirreno.
Le gagneur ne s’est pas laissé emporter par le doute et a enfin pu lever les bras du côté de Porto Sant’Elpidio, sa première victoire sous ses nouvelles couleurs. Soulagement et fierté ! La Tinkoff – Saxo tient là celui qui animera une grande partie de sa saison et il faudra le suivre très attentivement dès ce week-end sur Milan-San Remo.
Il est encore trop tôt pour Alberto !
Fin février, Alberto Contador perdait un sacré duel face à son rival Chris Froome. Cela ne s’était joué à rien du tout mais c’est finalement ce rien du tout qui fait toute la différence mentalement. Hé oui ! L’espagnol annonçait ne pas s’être autant entrainé que la saison passée et avoir besoin d’un peu de temps pour peaufiner son état de forme. Presque un mois s’était écoulé avant ce Tirreno où il venait pour défendre son titre, acquis de haute volée lors de la précédente édition en reléguant un certain Nairo Quintana à plus de deux minutes au général.
Cette fois-ci, la partition n’était pas la même et quelques fausses notes sont venues enrouées la mécanique de l’homme orchestre. Cinquième au général et pas vraiment capable de se distinguer, il termine plutôt bien lors de l’étape reine, au contact des Pinot, Uran, Yates et Pozzovivo tandis que Quintana, Mollema et Rodriguez, eux semblent bien plus aptes à se mettre en valeur. N’oublions pas que cette saison, Alberto vise le doublé Giro-Tour, une belle ambition qui explique aussi le fait de ne pas arriver trop tôt en forme sur des épreuves qui lui sont habituellement présentées sur un plateau.
Et vous, qu’est-ce qui vous a marqué lors de ce Tirreno-Adriatico ?