[dropcap size=small]C[/dropcap]e fut le point d’orgue de la semaine, la présentation du prochain Tour de France. Occasion pour la rédaction du Dérailleur de débattre sur la qualité du parcours proposé par les organisateurs et vous le verrez, les avis sont variés. Et vous, chers amis ? Que pensez-vous de ce 104e Tour de France ?
Petits propos pour une Grande Boucle
par Alex
Les réactions sont toujours partagées lors de l’annonce officielle du parcours de la Grande Boucle, même si dans les couloirs, tout le monde en connait toujours plus ou moins les tenants et aboutissants. Une descente de Düsseldorf jusque le grand Est français en passant par la Belgique et le Luxembourg. Une descente de l’étranger qui semble, pour certains, aussi douloureuse qu’une descente d’organe. Voilà ce qui agite les esprits, et pas que les bons. Même un certain parti politique, dont je ne citerai pas le nom ici, qui ne semble pas savoir ce qu’est le sens des priorités à quelques mois du prochain suffrage présidentiel, a fustigé les organisateurs de l’épreuve. Un Tour de l’Europe ? Un Tour de la France ? Hé bien non, un Tour de France tout simplement. Ce n’est en rien une nouveauté 2017 que de débuter ou de traverser les routes accueillantes d’un voisin plus ou moins éloigné et donc un argument fallacieux afin de tirer une quelconque couverture médiatique en tirant à boulet rouge sur l’épreuve.
Après une année européenne secouée par la véhémence britannique menant à l’inévitable Brexit, quoi de plus symbolique que de voir s’élancer l’un des événements sportifs les plus suivis sur le globe de Düsseldorf ? Côté histoire, je prends plaisir à vous rappeler que l’actuelle septième cité d’Allemagne n’était autre que la capitale du Duché de Berg, l’un des Etats satellites français du début du XXème siècle. Une pensée pour Napoléon himself qui gouverna le duché. Plus récemment, le Tour de France et l’Allemagne ont connu un divorce douloureux et sans répartition de biens. Une rupture non conventionnelle qui a mené à l’absence de diffusion de l’épreuve à la télévision allemande de 2011 à 2015. Un retour qui marque aussi la renaissance d’un cyclisme après la période mortifère des scandales de dopage. Un contexte brouillé, une histoire riche. Des ingrédients à mettre dans la balance à l’aube de cette nouvelle édition du Tour de France.
Nous n’entrerons pas dans le détail des perspectives économiques qu’augurent de grands départs de l’étranger et pourtant me répondrez vous, cela n’est en rien un détail. Le Nord, d’où je vous écris ces quelques lignes ne verra pas le peloton. Les plus chanceux pourront toutefois se déplacer en Belgique pour profiter du spectacle. Les autres se contenteront du téléviseur et d’une bonne bière. C’est l’intention qui compte ou plutôt l’émotion. L’Ouest, notamment mes copains bretons se contenteront eux-aussi d’un Tour de France qui leur paraîtra étrange ou tout du moins étranger. Rappelons toutefois que chaque année, c’est la déception qui prime car ce sont les déçus qui montent tout en haut de la tour de guet pour crier à l’ennemi. Et pourtant, du troquet d’où je vous écris, profondément ancré dans le Nord de la France, les avis sont partagés. Pour la simple et bonne raison que le malheur des uns fait le bonheur des autres et que nous avons tous de la famille, des amis, des proches qui s’imaginent avec joie le spectacle que leur offrira la 104ème édition de cette Grande Boucle sur le pas de leur porte. Leur bonheur me ravit et la passion qui m’anime m’entrainera sûrement à les rejoindre l’été prochain, quoi qu’il en coûte.
Un Tour de demie France
par Arthur Pineau
Cette carte, je ne l’ai pas aimée. Certes, on a un circuit avec de belles choses, des étapes intéressantes, un parcours pour mettre en difficulté tout le monde, avec de la montagne un peu n’importe quand, et les cartes redistribuées pour tous les classements. Seulement voilà, je fais partie de ces personnes qui n’aiment pas voir le Tour partir de l’étranger. C’est une tradition, soit, ça rapporte de l’argent, passe encore, mais la France est un si beau pays, avec des régions qui ne demandent qu’à voir passer les coureurs et la caravane de la Grande Boucle (exemple de la Corse qui n’a vu le Tour qu’une seule fois). Donc cette année on part d’Allemagne, ce qui est assez logique puisque c’est le premier pays étranger qui a vu l’épreuve. Partir d’Allemagne, c’est sympa, voilà, on peut passer par l’Alsace après, avec Strasbourg, puis après il y a d’autres choix. Mais non, il faut passer par la Belgique, une terre de cyclisme oui je sais, mais la Bretagne est aussi une terre de cyclisme non ?
Je conçois que le tracé fera toujours des insatisfaits, mais cette année, il y a quand même une large partie de l’hexagone qui peut se sentir lésée. En effet, si on enlève la dernière étape, il y a tout un espace qui va de la Bretagne à l’Ouest jusqu’à Troyes (arrivée de la 6e et départ de la 7e étape) à l’Est, et de l’extrême Nord du pays jusqu’à la Dordogne dans la Nouvelle-Aquitaine au Sud. Donc on sacrifie une large partie de notre magnifique territoire au profit d’un départ en Allemagne, d’une arrivée en Belgique, et d’un court passage dans le Luxembourg. Cela ne remet en aucun cas en cause le parcours et les étapes que l’on pourra vivre, mais bon, pour moi, cela ne ressemble pas à un Tour de France. Après, vous pouvez toujours me dire que l’Ouest a été gâtée l’année dernière, que la Bretagne voit souvent le Tour, que le Nord vous en avez marre parce que des étapes avec des pavés on en a avalé… Je trouve ça dommage de voir une carte qui laisse un grand vide pour faire au final des zigzags dans le sud de notre pays. Mais encore une fois, cela n’enlèvera pas la qualité de la course, j’en suis persuadé. Je laisserai le dernier mot aux auteurs de Dans la Musette, qui ont résumé, avec un second degré qui leur est propre, la carte de ce Tour.
On vous a détaillé la carte du #TDF2017. pic.twitter.com/iauckCcASw
— Dans la musette (@DansLaMusette) 18 octobre 2016
Cinq massifs à la une
par Olivier Perrier
Invariablement à la mi-octobre, la carte du futur Tour de France amène son lot de réactions et celle de la 104e édition ne déroge pas à la règle. Quelques esprits chagrins viendront regretter le grand départ à l’étranger (le vingt-deuxième de l’histoire et le quatorzième sur les trente dernières années), ou encore l’absence du grand ouest, qui ne le nions pas, est un berceau du cyclisme français. Mais que retiendrons nous de ces polémiques en juillet prochain ? Pas grand-chose je dirais car nous serons plus attentifs à l’aspect sportif du parcours. Et voilà pourquoi j’aime déjà ce Tour. Tout d’abord parce qu’il nous offre, comme vous le savez, un passage sur les cinq massifs montagneux de notre belle France. Dès le cinquième jour les Vosges et la Planche des Belles-Filles viendront se manifester. Le Jura voisin viendra lui offrir les pentes les plus vertigineuses de l’histoire du Tour. Les Pyrénées oublieront leurs classiques (Tourmalet, Aubisque) pour nous offrir le récent (mais redoutable) Port de Balès et un cent bornes ariégeois qui promet des étincelles. Ensuite, le Tour va rendre une visite au magnifique plateau de l’Aubrac et découvrir le col de Peyra Tallade en Haute-Loire, qui offre l’une des pentes auvergnates les plus abruptes du massif central. Enfin, il laissera aux Alpes le soin de faire monter le peloton au-delà des 2000 m avec la Croix-de-Fer, le Galibier ou encore Vars et Izoard, sur des pentes mythiques où raisonnent l’histoire plus que centenaire du Tour de France.
Les contre-la-montre ne seront pas oubliés, même si ils ne représenteront guère plus de quarante kilomètres au total sur l’ensemble du Tour, ce qui paraît être peau de chagrin au regard de ce que nous pouvions avoir sur le Tour, mais qui semble vouloir offrir une forme de suspense à ménager sur l’ensemble de l’épreuve. Vous l’avez compris, ce parcours me séduit, comme chacun de ceux nés du duo Christian Prudhomme-Thierry Gouvenou, qui tentent de mêler innovation et histoire. Reste à savoir ce que cela donnera en juillet prochain, car comme le rappelait souvent celui que nous ne verrons plus lors des cérémonies protocolaires du Tour de France, Bernard Hinault qui se consacrera pleinement au métier de grand-père, les organisateurs proposent et les coureurs disposent. Et nous savons ce que cela a donné sur le dernier Tour de France…
Bye-bye le nord-ouest
par Amélie Barbotin
Le parcours du Tour de France 2017 est particulier : il emprunte comme à son habitude les routes étrangères mais concernant les routes françaises, seules l’est et le sud sont concernées. Quelle tristesse pour tous les habitants du nord et de l’ouest de la France. Habitante dans cette partie du pays, j’ai été moi-même déçue de découvrir que la fête du mois juillet ne viendrait pas s’installer auprès de chez moi. Bien évidement je trouve le parcours de la prochaine édition très intéressant : il nous promet de belles étapes à vivre, des rebondissements tout au long de ces trois semaines, c’est certain ! L’idée de traverser les cinq massifs montagneux est une idée judicieuse pour pimenter cette 104e édition.
Cependant, je pense aussi que le Tour de France c’est le tour de la France. L’organisation a préféré mettre en avant des pays étranger plutôt que le Nord, la Vendée ou bien encore la Bretagne, des régions ou le cyclisme est un vrai art de vivre. Je n’ai rien contre les départs à l’étranger, ni la visite de ceux-ci pendant les trois semaines de course, cependant il est dommage de délaisser nos belles régions de France. Quant à ceux qui me répondraient que le Tour doit aussi passer dans l’est et le sud du pays, je ne les contredirais pas car je suis tout à fait d’accord avec eux. La course n’avait pas vu les routes de l’est depuis 2014 par exemple, ce que je trouve tout à fait anormal. La carte devrait avoir au minimum l’allure du pays, elle devrait essayer de refléter au mieux l’hexagone que nous sommes. Chaque année, il y a toujours des insatisfaits, et cette année j’en fais partie. On ne peut rien faire pour changer la carte du Tour 2017, mais on peut au moins espérer que la prochaine, celle de 2018, sera enfin un vrai tour de l’hexagone!