[dropcap size=big]L[/dropcap]es vaches rousses, blanches et noires. Sur lesquelles tombe la pluie. Et les cerisiers blancs made in Normandie. Une mare avec des canards. Des pommiers dans la prairie. Et le bon cidre doux made in Normandie. Les œufs made in Normandie. Les bœufs made in Normandie. Un p’tit village plein d’amis et un peloton bien garni !
Il faut croire qu’arriver sur une bosse, ça fait peur.
C’est une étape classique au final, t’en as quelques-uns qui partent au front, derrière t’as une troupe qui ronronne mais qui maintient l’écart pour pouvoir ensuite dire : « Bon maintenant vous arrêtez vos conneries et vous nous laissez reprendre les choses en main pour qu’on puisse placer notre coureur dans un sprint. » Aujourd’hui, c’était à peu près ça, mais il y a une question quand même : qu’avez-vous foutu dans le peloton ? Si on enlève les différentes chutes qui sont communes aux premières étapes du Tour, la poursuite des échappés, vous l’avez oubliée ? Il faut croire qu’arriver sur une bosse ça fait peur, parce que les équipes ont eu du mal à s’y mettre.
Lorsqu’un leader crève à 4 kilomètres du but, personne n’est là pour l’aider, résultat, Porte est passé par la fenêtre avec 1’30 sur Froome
À vrai dire, nous on écrit, on ne fait pas la course, on est un peu bêtes des fois. J’oubliais, faire un sprint dans une bosse, c’est dur, personne n’aime ça, personne ne… Pardon ? Puncheurs ? Ah oui c’est vrai, il y a des coureurs qui adorent ce type d’arrivée. Des exemples ? Julian Alaphilippe, Peter Sagan, Greg Van Avermaet, Alejandro Valverde… C’est vrai que ça fait envie vu comme ça, c’est d’ailleurs pour ça que leurs équipiers ont roulé pour reprendre les hommes de tête. Comment ça non ? On a bien vu les Direct Energie pour Coquard, mais le coureur qui arrive sur ses terres ligériennes demain n’est pas là au final. Sinon, les Tinkoff, ils ne sont pas arrivés très tôt, les Movistar ont été un peu comme les Islandais : tu ne les vois pas beaucoup, pourtant quand il faut attaquer, ils savent le faire ! Les Etixx pour Alaphilippe ? Silence radio, et pourtant, Alaphilippe termine deuxième derrière Sagan au final ! Les BMC ont été présents dans le final, mais quelle stratégie ? Van Avermaet peut jouer la gagne sur l’étape, Richie Porte vise le général. L’équipe est tellement bien organisée que lorsqu’un leader crève à 4 kilomètres du but, personne n’est là pour l’aider, résultat, Porte est passé par la fenêtre avec 1’30 » de perdu sur Froome qui pointe quant à lui déjà à la cinquième place du général.
Les choses auraient pu vraiment être plus belles pour le coureur de la Trek devenu Casper Stuyven pour le coup.
À parler comme ça, on en oublie presque le scénario de l’étape. Personne n’a vraiment pris les choses en main dans le peloton, si bien qu’au final, les hommes de tête étaient en bonne posture pour gagner. Jasper Stuyven doit même se mordre encore les doigts d’avoir manqué de forces dans l’enchaînement des deux bosses finales, parce que nous, on a bien cru qu’il allait tirer les marrons du feu ! Les choses auraient pu vraiment être plus belles pour le coureur de la Trek devenu Casper Stuyven pour le coup. Il a peut-être même pensé à comment il allait lever les bras, ce que Sagan vainqueur du jour n’a pas fait. Entre deux averses et deux éclaircies, il était logique qu’un mec avec un maillot arc-en-ciel s’impose ! Alaphilippe pouvait taper sur son guidon, il en claquera des étapes à n’en pas douter. Pendant ce temps, Oleg rit jaune, lui qui dit qu’il n’avait jamais vu le maillot jaune peut être content. Après tout, ce n’est pas comme si son leader, Alberto Contador avait subi deux chutes et perdu près de 50 secondes aujourd’hui. Chut, faut pas le dire !
Associé avec son oncle pour monter un magasin de chocolat et encore étudiant en communication, nul doute que l’on entendra encore parler de ce grand gaillard déjà mûr pour son jeune âge et sacrément ambitieux.
L’autre grand battu de cette arrivée en côte dans les faubourgs de Cherbourg est forcément Jasper Stuyven, la nouvelle bête à rouler de Trek-Segafredo, successeur annoncé de Cancellara et Boonen, rien que ça ! Dominateur toute la journée dans l’échappée à chaque fois qu’une petite bosse se dressait devant lui, il a complètement craqué dans les derniers hectomètres, le visage déformé par la douleur, mais aurait mérité un bien meilleur sort que celui que ce peloton pervers lui a réservé : repris à moins de 500 mètres de la ligne, ça peut être dur à avaler… Vainqueur de Kuurne-Bruxelles-Kuurne en février après un brave raid solitaire de 17 bornes, le Belge a empilé les grosses performances chez les jeunes et compte tout de même une victoire d’étape sur la Vuelta. Associé avec son oncle pour monter un magasin de chocolat et encore étudiant en communication, nul doute que l’on entendra encore parler de ce grand gaillard déjà mûr pour son jeune âge et sacrément ambitieux. Il se consolera demain en portant le maillot à pois, mais pas sûr que ça suffise à le combler.
Si l’on veut s’éviter un nouveau duel entre les épiciers de chez Movistar et les mathématiciens de la Sky, il faut absolument que Contador se remette vite des meurtrissures qui l’ont handicapé sur les routes du Cotentin.
Tombé et re-tombé ce week-end en Normandie, Alberto Contador semble ce soir assez loin de pouvoir interpréter son rôle préféré sur les Grands Tours : le fou du roi, celui que les serviteurs de Froome doivent étouffer dès le pied des cols pour éviter qu’il ne fasse tout péter. « El Pistolero » quoi ! Une cinquantaine de secondes de perdues sur une montée finale pas bien longue, des pansements et surtout des grimaces, le tableau est plutôt sombre. Mais il y a un mais. Alberto est en fin de contrat, il se doit de prouver qu’il n’est pas fini, bien que toutes les rumeurs l’envoient déjà chez Trek l’an prochain (ce qui est une sacrée marque de confiance en Mollema, d’ailleurs…).
Alberto est fier, orgueilleux même. Alberto a annoncé que sa carrière n’était pas finie, loin de là, et ça n’est pas pour faire de la figuration qu’il a choisi de continuer à se mettre en danseuse, dans ce style caractéristique dont se rapproche parfois notre cher Thibaut Pinot. Si l’on veut s’éviter un nouveau duel entre les épiciers de chez Movistar et les mathématiciens de la Sky, il faut absolument que Contador se remette vite des meurtrissures qui l’ont handicapé sur les routes du Cotentin. On trépigne d’impatience à l’idée de le voir dynamiter la course dès les Pyrénées… Force et honneur, Alberto !
En portant fièrement sur ses épaules « Bora Bora », une bien belle publicité pour la Polynésie
Alors que le peloton de cette 103ème édition de la Grande Boucle profitait du climat tempéré de la Normandie, ô combien belle au demeurant, un homme nous a vendu du rêve et pour plusieurs raisons. Bien que dire que tout était gris serait mentir lors de ce week-end en Normandie, nous étions tout de même loin des chaleurs tropicales. Et durant ces deux premières journées de course, c’est cet homme qui s’est chargé de nous le rappeler. Comment ça ? En portant fièrement sur ses épaules « Bora Bora », une bien belle publicité pour la Polynésie, qui selon la position du coureur nous offrait mille variations, mille vibrations… Le volcan de l’île de Bora-Bora est peut être bien éteint mais Paul Voss a su en raviver la flamme sur ce début de Tour.
Il n’a pas non plus de lien avec l’Ogre de Rostock (Jan Ullrich bien sûr) bien qu’ils soient nés tous deux sur les rives de la Warnow.
Ne soyez pas gênés d’y avoir pensé avant d’observer l’orthographe du nom du cycliste allemand mais non, vraiment rien à voir avec la triple championne du Monde Marianne Vos… Il faut avouer que du haut de ses trente ans, ce n’est pas le coureur que tout le monde porte sur le bout des lèvres. Il n’a pas non plus de lien avec l’Ogre de Rostock (Jan Ullrich bien sûr) bien qu’ils soient nés tous deux sur les rives de la Warnow. Et pourtant, il démontre que l’envie est toujours là, prêt à partir pour un long raid ce samedi afin de conquérir les premiers pois du Tour. Prêt à retenter sa chance aujourd’hui, même s’il ne pourra suivre Jasper Stuyven en fin de parcours et encore moins conserver sa précieuse tunique. Pourtant, quelque chose me dit que nous n’avons pas finit de voir ce petit trublion aux avant-postes ces prochains jours.
Un papier de vos déraillés : Arthur, Tibaldi et Alex.